Le 9 juillet, je rejoindrai un grand nombre de mes compatriotes iraniens en exil et leurs partisans internationaux au rassemblement annuel pour " un Iran libre" à Paris, au Bourget. Le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) tient ce genre d'événements depuis plus de dix ans.
Inutile de dire que c'est un événement international majeur portant sur une question de premier plan. Mais pour moi, c'est aussi très personnel. En esprit, je serai avec une foule beaucoup plus grande. Nous serons rejoints par un nombre incalculable d'Iraniens vivant encore sous le joug du régime théocratique et qui prendront le risque de représailles en regardant le rassemblement sur les chaînes tv satellites interdites.
Comment je le sais ? Après ce rassemblement, j'aurai eu l’occasion de voir cet événement des deux côtés du mur idéologique qui sépare la République islamique de la plupart du reste du monde. Ces dernières années, je faisais partie des Iraniens qui soutiennent le CNRI et son groupe principal, les Moudjahidine du peuple d'Iran (OMPI), depuis un endroit silencieux à l'intérieur du pays. J'ai mis ma sécurité et ma liberté à risque, comme beaucoup de mes amis, pour poursuivre les activités des groupes locaux. J'ai passé cinq ans en prison de 2009 à 2014 et j'ai subi des tortures physiques et psychologiques pour mon soutien à l'OMPI. Je me suis enfui d'Iran à l'âge de 29 ans l'an dernier.
Malgré la répression agressive du régime dont j'ai été témoin, je n'ai jamais perdu l'espoir que ce système de domination reigieuses finira par s'effondrer. Les images du rassemblement du CNRI avec quelque 100.000 Iraniens et leurs partisans internationaux appelant à un "Iran libre" ont renforcé cet espoir. Pour nous, les militants, ce jour-là a toujours été une occasion spéciale. J'ai même suivi les messages de l'événement en prison.
Depuis les manifestations nationales de 2009 jusqu'aux défis que lancent quotidiennement les Iraniens, il a toujours été clair à mes yeux que l'écrasante majorité de la population fait cause commune avec le réseau militant auquel je me consacre. De son côté, le CNRI à l'étranger a déployé des activités indiquant clairement que notre leadership en exil a fait de grands progrès pour obtenir les soutiens qui vont catapulter notre cause vers la victoire.
Je me réjouis de pouvoir contribuer à cet effort cette année. Les décideurs mondiaux ont pris progressivement conscience de la nécessité urgente d'un changement de régime en Iran, et maintenant je vais être en mesure de plaider personnellement cette cause devant un public international. Si la chance est avec moi, mon histoire et celles des autres qui ont fui récemment d'Iran atteindront les oreilles de la plupart des politiciens et des experts américains et européens de premier plan qui seront présents.
En tout état de cause, je sais qu'ils ont déjà compris un message plus général : la modération dans le gouvernement iranien n'est pas réaliste. La liberté et la démocratie en Iran ne peuvent être garanties que par un changement de régime. Je suis convaincu que les rangs de ces partisans occidentaux vont continuer à grossir tandis que l'image de la répression en Iran et de l'ingérence régionale de ce régime deviennent plus apparentes.
L'événement de cette année aura lieu presque exactement un an après l'accord nucléaire entre l'Iran et les P5 + 1. Ainsi, ce sera une occasion pour les décideurs occidentaux d'évaluer l'impact du plan global d'action et la stratégie générale de complaisance. Les politiciens participant à l'événement savent déjà que cette stratégie présente de graves insuffisances.
Certains en Occident semblent persister dans leur optimisme sur les perspectives de l'Iran sous la présidence d’Hassan Rohani. Ma présence et celle d'autres militants va sûrement aider à faire comprendre que les conditions à l'intérieur de l'Iran n’offrent aucune tendance à la modération. La répression dans le pays et l'agression des pays étrangers se poursuivent sans relâche sous Rohani. La première continue à envoyer les dissidents iraniens, les militants et les artistes en prison ou à les forcer à quitter le pays. La seconde contribue à attise la crise des réfugiés, avec le soutien indéfectible du pouvoir iranien au dictateur syrien Bachar al-Assad.
Je sais par expérience combien l'événement du 9 juillet sera émouvant pour les dissidents et les militants iraniens à l'intérieur du pays. Il est important que les gouvernements occidentaux soient attentifs à son message. Ce message résonnera depuis Paris et dans la majorité silencieuse des Iraniens de l'intérieur : "un Iran libre."






















